mercredi 12 septembre 2007

LA PHILOSOPHIE

La philosophie d’un groupe c’est, peut-être, le point le plus important. On ne le voit pas mais il est là, omniprésent, comme une rivière que courre par-dessous. La force motrice vitale et cachée. Quand je dis « peut-être », c’est par ce que cette « vérité » n’est le pas vrai pour tout le monde. Et cela c’est bien. Les différences exigent de nous la souplesse, la perméabilité, et la capacité de toujours nous adaptés dans toutes les conditions, dans toutes les circonstances, même qui elles nous soient défavorables. Les différences nous apprennent aussi à relativiser les choses et à nous positionné d’une manière qu’ont puisse continuer d’exister et l’autre aussi, tout en restant fideles à nous-mêmes et à nos principes.

Qu’est ce que nous cherchons en faisant cette pratique ? Qu’est ce que nous voulons en nous donnant à cet art ? Etre les meilleurs ? Les premiers ? Les champions ? Gagner des médailles ? Trophées ? Etre reconnus ? Certes tout cela se sont des chemins possibles et qui appartiennent aux choix personnels de vie, d’expériences, de parcours de chacun. Dans notre cas, nous privilégions d’autres aspects : déjà nous ne faisons pas des championnats car la préoccupation d’être référencés comme les meilleurs ne nous intéresse pas. Donc tout ce qui concerne les « prix » est en dehors de notre but. C’est important aussi de préciser que nous ne faisons pas un sport mais un ART, un art martial. Nous pouvons faire de notre sport un art, mais pas de notre art un sport. Nous n’utilisons pas des grades pour distingués les avancés des débutants. Ceci est sans importance pour nous. C’est le temps qui compte. Peu importe pour nous si un élève est doué ou pas. L’important pour nous c’est ce qu’il a dans les « tripes », dans son cœur. Par fois t’as élèves très doués, qui apprennent vite, qui « comprennent tout », mais que n’ont jamais un regard envers les plus jeunes. Quand ils jouent c’est toujours pour faire une exhibition, quand d’autres maîtres viennent à l’Académie, ils sont les premiers à faire les flatteries. En fait ses élèves sont centrés sur eux- mêmes et peu apportent au groupe. Tôt ou tard ils vont nous laisser pour un autre groupe, sur prétexte qu’ils ne sont pas reconnus ou qui nous nous sommes pas assez « bons » pour lui.

Pour nous, le groupe CHAMADA DE ANGOLA, c’est que nous voulons c’est construire. D’abord nous même comme individu, travers notre chemin de capoeiriste qui ne pas meilleur qu’aucun autre chemin, mais c’est le nôtre. Nous défendons toutes les minorités, nous sommes contre toute sorte de discrimination, nous soutenons toutes les causes que revendique un monde plus juste. Nous sommes à faveur d’une real politique de réparation de touts les abus et injustices commises par des gouvernements autoritaires et colonisateurs. Nous militons pour une politique voué à l’homme. Mais pas l’homme qui exploite l’homme, mais qui le construit.

Nous entendons qu’un positionnement politique aujourd’hui est impératif. Cependant nous ne sommes pas affiliés à aucun parti politique et nous nous positionnons de manière laïque. Mais nous exprimons nos idées et nous la défendons par le biais de notre art. Notre art sort d’un contexte socio-politique- culturel qui fait partie de l’histoire de l’humanité. La capoeira est un mouvement de résistance culturel. Sa lutte c’est pour la liberté. La liberté d’exister sans être opprimé. La liberté d’exister malgré ses différences. Avec le droit de son expression légitime. C’est ceci qui nous défendons, c’est ceci qui nous construisons avec nos humbles moyens. Lorsque nous embrassons la capoeira nous embrassons aussi sa cause.

Un autre aspect de notre philosophie aussi important concerne notre façon de « faire.» Notre savoir-faire. Comment faisons nous la capoeira ? La capoeira existe et elle est là. Chacun l’aborde selon son école, ses principes, sa philosophie, son approche de l’art et fait sa « cuisine. » Mais elle existe avant nous. Si elle a sa forme aujourd’hui par ce par c’est qu’elle a fait un parcours qui lui est pertinent. Les maîtres qu’au fil des siècles l’ont forgé, ont la conçu ainsi. Une identité se défini par sa philosophie, par son « style », et par son rituel. Le rituel est lié à l’identité, à l’idéologie, à un savoir comme « entité » inspiratrice du jeu. Savoir lire ce rituel c’est définir son identité. Comment on commence une roda et comment on la termine montre l’entré et la sortie de la « maison». Montre aussi comment sont les règles pour rentrer, rester et sortie de cette « maison. » D’ailleurs savoir arriver et savoir partir se sont deux rites anthropologiques de grande importance dans l’univers de la capoeira. La chamada * c’est une théâtralisation de ce rite.

La capoeira pratiqué par notre groupe, c’est la capoeira angola. C’est cette capoeira là que nous la pratiquons ; que nous la recherchons, et que nous la défendons : ses principes, sa philosophie, et ses traditions. Les fondements de notre école sont liés à la tradition des angoleiros bahianais, représenté par le grand maître Pastinha. Maître Pastinha a appartenu à une époque des grands capoeiristes : Traira, Waldemar, Canjiquinha, Caiçaras, Gato Preto, Totonho da Maré, Abérrê, Cobrinha Verde, et autant d’autres. Je n’ai sais pas s’il était le meilleur capoeiriste de son époque. Certains disent que si, d’autres disent qui non. Moi-même je ne l’ai pas connu. De toute façon cela n’a aucune importance. L’important pour nous ce qui maître Pastinha nous a laissé un trésor. Un patrimoine immatériel et universel. Un art qu’il a su préservé dans un moment difficile pour la capoeira. Un art qu’il a su le structurer, lui donner une « forme » et le défendre de tous les intérêts et influences qui prétendaient lui dénaturer.

Maître Pastinha a réussi catalysé autour de lui les grands acteurs de la capoeira de son époque et a su synthétisé leur savoir et leur volonté. Quand nous parlons de l’école Pastiniana nous sommes en train alors de parler de tous ses maîtres, de nos ancêtres, de l’esclavage comme élément d’origine de la capoeira et d’un regard profondément humain et philosophique qu’il a su traduire. Quand maître Pastinha dit : « Le vrai capoeiriste c’est ne pas celui qui sait mouvoir son corps, mais si celui qui se laisse mouvoir par son ’âme. » il transcende l’univers de l’art martial proprement dit et rentre dans l’univers philosophique. La question de l’existence de « l’âme » ou de quelque chose qui l’anime, a « hantée » la pensée de plusieurs écoles philosophiques depuis la nuit des temps. Avec cette frase maître Pastinha change le paradigme : c’est ne plus le corps qu’intéresse mais l’âme qui l’habite. ça ne suffit pas savoir bouger son corps il faut se laisser « guidé. » Il faut communiquer avec quelque chose d’extracorporel, quelque chose que la technique seule ne puisse pas nous donner. Il faut être sensible à cette musique qui nous emballe. C’est peut-être là que réside l’identité. C’est peut-être là que se cache le « secret. »

Bien sûr que quand on parle de savoir on parle de secret. Le savoir c’est un secret. Cherche le savoir et vite tu comprendras qu’il n’est pas là. Il ne pas en secret mais il est un secret. Protégé. Si le savoir n’est pas protégé il se perd. Le savoir est révélé à ses qui ont la disposition, la force, l’envie, et le mérite de faire le parcours « initiatique. » T’as beau à lire tous les livres, à voir toutes les expositions, à fréquenter les meilleures universités, mais cela ne va jamais te donner le savoir. On peut avoir la culture et pas le savoir. On peut avoir le savoir et pas la culture. Le chemin de la connaissance se fait à partir de soi. A partir de son corps et de son âme !

Maître Pastinha était presque illettré. Mais son savoir était immense. A propos de sa soudaine célébrité il a dit : « La reconnaissance m’est venue tout à coup. Tout à coup les gens avaient besoin de moi. Les gens me cherchaient. Me demandaient. Mais tout cela était faux ; et la seule chose qu’était vrai, c’était la capoeira. »

Pastinha est mort seul, aveugle, malade et oublié.

mardi 11 septembre 2007

HISTOIRE DE LA CAPOEIRA

HISTOIRE


Vers 1530 les premiers esclaves venus de plusieurs pays d’Afrique noire débarquent sur le nouveau continent, au Brésil. C’est la que commence notre histoire. Ils arrivent d’abord par centaines, et ensuite par milliers. Ils apportent avec eux leur culture – une culture vivante, différente de celle de l’Europe. Une culture qui n’était pas conservée dans les livres ou dans les musées, mais dans le corps, dans l’âme et le cœur de chacun, qui était transmise de père en fils, de maître à disciple, de génération en génération...

De mère noire esclave et de père inconnu, la capoeira s’est répandue dans les villes comme une chose ‘vagabonde’. Son origine jusqu’à aujourd’hui est discutée. Pour les uns, elle est africaine, pour les autres brésilienne. Même si tout le monde sait qu’elle a été créée par les esclaves africains, ce qui est certain, c’est quelle est née au Brésil dans les campagnes et a grandi dans les centres urbains. Peut-être que nous ne pourrons jamais préciser avec exactitude « qui » a introduit pour la première fois le germe de la capoeira au Brésil, ni « quand.» Comme elle n’a pas été créée dans un but spécifique de défense personnelle par «quelqu’un», à la différence de la plupart des arts martiaux, la capoeira est né de la conjonction de plusieurs facteurs. D’ailleurs, elle est rapidement devenue un instrument de défense, de résistance culturelle, un catalyseur et régulateur social des communautés esclaves et n’oublions pas la suite : ses adeptes ont été violemment persécutés, discriminés, réprimés, puis fouettés emprisonnés et exilés.

Aujourd’hui la capoeira est présente dans tous les pays occidentaux, et depuis plusieurs décennies, dans les écoles, les académies de danses, les universités, le théâtre, la musique, le cinéma, les académies d’arts martiaux au Brésil.

Comme l’a écrit Mario Carelli dans ‘Les Cultures Croisées’ à propos de la colonisation des Indiens par les Portugais : « ... Le « sauvage » une fois découvert, exorcisé, baptisé et exhibé sera mythifié. » De même pour la capoeira : depuis près de 350 ans de trajectoire marginale, l’heure est arrivée pour elle de régler ses comptes.

Comment cette danse, spectaculaire, festive, rythmée, périlleuse et parfois violente, rappelle à l’homme, d’une part son côté animal et de l’autre la nécessité de se servir de son corps dans toutes les situations de la vie ? La capoeira a permis aux esclaves de perpétuer des traditions réprimées, de préserver un morceau de liberté par le biais du jeu, du chant et de la ruse, de compenser l’absence d’armes par l’agilité du corps, bref, de résister à la période la plus sombre de leur histoire.

Présentation Maître Boa-Vida


Paulo Pontvianne
Maître Boa vida
45 ans
Né à Rio de Janeiro le 17 novembre 1961.

Paulo Boa-Vida est maître de capoeira, comédien et metteur en scène. Il s’initie à la capoeira angola avec maître Limão à l’âge de treize ans. Il est reste deux ans dans son Académie à Santo Amaro dans l’état de São Paulo. Ensuite il regagne Rio, sa terre natal, où en 1980 il est admis au groupe Senzala comme disciple de Maître Garrincha.

Vers les années 95 il quitte le groupe Senzala et décide de reprendre la capoeira angola. Ce retour a été un peu difficile. Les angoleiros ont eu du mal a l’accepté en tant qui tel dans leur univers, et en même temps les regionalistes ont grimacé ce changement. De toutes les façons ce passage était obligatoire.

En 1989 il décide d’habiter en Europe. Le lieu choisi est Paris, où il restera dix ans. Durant ses années où la capoeira en France faisait ses débuts il a crée l’association Macaques avec comme but divulguer et promouvoir la culture brésilienne dans tout son ampleur. Il a organisé plusieurs stages événements, a dirigé des spectacles, inauguré le travail de capoeira pour les enfants, pour handicapés mentaux et les dépendants chimiques. En Afrique il a créé le premier groupe de capoeira, ‘Africa Capoeira’, au Sénégal et au Burkina Faso, à Bobodilasso. En Europe, il a travaillé avec plusieurs compagnies de Théâtre, notamment : le Théâtre du Soleil, le Cirque Zingaro, l’Ecole de Théâtre de Bratislava en Slovaquie, le Théâtre Academy of Tampere en Finlande, aux Bouffes du Nord, avec la Compagnie du Griot de Sotigui Kouyaté.

En 99 il a décidé de rentrer au Brésil pour se recycler et repenser son art. En 2004 il reçoit de Maître Leopoldina le titre de maître. Il fonde son nouveau groupe CHAMADA DE ANGOLA. Vers la fin de 2006 il retourne habiter à Paris où il vit actuellement.