mercredi 3 octobre 2007

jeudi 27 septembre 2007

HISTORIQUE DU GROUPE

Chamada de angola


Chamada de Angola a vu le jour le 7 décembre 1990. Elle avait comme premier objectif la promotion, la divulgation et l’enseignement des arts brésiliens, et notamment la Capoeira Angola. Au départ nous nous appelions « Entre-potes », puis nous avons pris le nom de « Macaques » et à présent celui de : « Chamada de AngolA» Ces changements ont marqué des tournants et des nouvelles directions dans notre parcours. Ce processus de murissement nous a aidé à affiner notre identité, à préciser nos objectifs et cibler notre public.

Dans les années 90, nous n’étions à Paris, que quelques professeurs et maîtres de capoeira à nous partager une soixantaine d’élèves, soucieux que nous étions de faire découvrir cet art issu de la culture noire du Brésil. La capoeira faisait alors ses premiers pas. Aujourd’hui confirmé et intégré dans la société française, après un boum spectaculaire dans les années 2000, la capoeira, bien qu’avec quelques détournements ou adaptation à la culture française, est en train de montrer sa valeur et sa force comme art à part entière, comme élément catalyseur des différentes classes sociales, des diverses origines culturelles, les mélangeant et les intégrant les unes par rapport aux autres de façon positive et constructive.

Tout au long de ses années, notre association a répandu la capoeira en France, en Europe et en Afrique, notamment avec la création du groupe « Afrika Capoeira », au Sénégal en 1998 et au Burkina Faso, en 2002. Basé à Paris 11ème depuis 1993 nous avons travaillé avec différents publics : les comédiens, danseurs et artistes de cirque ; en tant qu’organisme formateur du monde du spectacle avec AFDAS, ou directement, avec les Compagnies de théâtre telles que le Théâtre du Soleil, le Cirque Zingaro, cirque Archaos, l’école de Théâtre de Bratislava en Slovaquie, le Théâtre Academy of Tampere en Finlande, et la Compagnie du Griot de Sotigui Kouyaté au Bouffes du Nord. Nous développons également des cours dans les salles privés de Paris pour toutes les couches sociales. Nous avons inauguré le travail de capoeira pour les enfants, les handicapés mentaux et pour les jeunes en marge de la société.

A l’Île Saint-Denis (93), depuis 1993, nous développons un travail auprès des jeunes défavorisés. A Metz, avec le partenariat de l’association « « équipe Rue », nous travaillons depuis 1995 dans un projet d’insertion sociale par le biais de la capoeira angola. Ce travail enfin, fait partie d’un programme plus ambitieux d’échange culturel « triangulaire » entre le Brésil, l’Afrique et la France. Nous amenons régulièrement des jeunes de Metz et de Saint Denis au Brésil pour approfondir leurs connaissances de la culture brésilienne et de la Capoeira Angola. Nous avons eu l’occasion aussi d’amener des maîtres brésiliens en Afrique, et d’amener des élèves africains au Brésil et en France.

mercredi 12 septembre 2007

LA PHILOSOPHIE

La philosophie d’un groupe c’est, peut-être, le point le plus important. On ne le voit pas mais il est là, omniprésent, comme une rivière que courre par-dessous. La force motrice vitale et cachée. Quand je dis « peut-être », c’est par ce que cette « vérité » n’est le pas vrai pour tout le monde. Et cela c’est bien. Les différences exigent de nous la souplesse, la perméabilité, et la capacité de toujours nous adaptés dans toutes les conditions, dans toutes les circonstances, même qui elles nous soient défavorables. Les différences nous apprennent aussi à relativiser les choses et à nous positionné d’une manière qu’ont puisse continuer d’exister et l’autre aussi, tout en restant fideles à nous-mêmes et à nos principes.

Qu’est ce que nous cherchons en faisant cette pratique ? Qu’est ce que nous voulons en nous donnant à cet art ? Etre les meilleurs ? Les premiers ? Les champions ? Gagner des médailles ? Trophées ? Etre reconnus ? Certes tout cela se sont des chemins possibles et qui appartiennent aux choix personnels de vie, d’expériences, de parcours de chacun. Dans notre cas, nous privilégions d’autres aspects : déjà nous ne faisons pas des championnats car la préoccupation d’être référencés comme les meilleurs ne nous intéresse pas. Donc tout ce qui concerne les « prix » est en dehors de notre but. C’est important aussi de préciser que nous ne faisons pas un sport mais un ART, un art martial. Nous pouvons faire de notre sport un art, mais pas de notre art un sport. Nous n’utilisons pas des grades pour distingués les avancés des débutants. Ceci est sans importance pour nous. C’est le temps qui compte. Peu importe pour nous si un élève est doué ou pas. L’important pour nous c’est ce qu’il a dans les « tripes », dans son cœur. Par fois t’as élèves très doués, qui apprennent vite, qui « comprennent tout », mais que n’ont jamais un regard envers les plus jeunes. Quand ils jouent c’est toujours pour faire une exhibition, quand d’autres maîtres viennent à l’Académie, ils sont les premiers à faire les flatteries. En fait ses élèves sont centrés sur eux- mêmes et peu apportent au groupe. Tôt ou tard ils vont nous laisser pour un autre groupe, sur prétexte qu’ils ne sont pas reconnus ou qui nous nous sommes pas assez « bons » pour lui.

Pour nous, le groupe CHAMADA DE ANGOLA, c’est que nous voulons c’est construire. D’abord nous même comme individu, travers notre chemin de capoeiriste qui ne pas meilleur qu’aucun autre chemin, mais c’est le nôtre. Nous défendons toutes les minorités, nous sommes contre toute sorte de discrimination, nous soutenons toutes les causes que revendique un monde plus juste. Nous sommes à faveur d’une real politique de réparation de touts les abus et injustices commises par des gouvernements autoritaires et colonisateurs. Nous militons pour une politique voué à l’homme. Mais pas l’homme qui exploite l’homme, mais qui le construit.

Nous entendons qu’un positionnement politique aujourd’hui est impératif. Cependant nous ne sommes pas affiliés à aucun parti politique et nous nous positionnons de manière laïque. Mais nous exprimons nos idées et nous la défendons par le biais de notre art. Notre art sort d’un contexte socio-politique- culturel qui fait partie de l’histoire de l’humanité. La capoeira est un mouvement de résistance culturel. Sa lutte c’est pour la liberté. La liberté d’exister sans être opprimé. La liberté d’exister malgré ses différences. Avec le droit de son expression légitime. C’est ceci qui nous défendons, c’est ceci qui nous construisons avec nos humbles moyens. Lorsque nous embrassons la capoeira nous embrassons aussi sa cause.

Un autre aspect de notre philosophie aussi important concerne notre façon de « faire.» Notre savoir-faire. Comment faisons nous la capoeira ? La capoeira existe et elle est là. Chacun l’aborde selon son école, ses principes, sa philosophie, son approche de l’art et fait sa « cuisine. » Mais elle existe avant nous. Si elle a sa forme aujourd’hui par ce par c’est qu’elle a fait un parcours qui lui est pertinent. Les maîtres qu’au fil des siècles l’ont forgé, ont la conçu ainsi. Une identité se défini par sa philosophie, par son « style », et par son rituel. Le rituel est lié à l’identité, à l’idéologie, à un savoir comme « entité » inspiratrice du jeu. Savoir lire ce rituel c’est définir son identité. Comment on commence une roda et comment on la termine montre l’entré et la sortie de la « maison». Montre aussi comment sont les règles pour rentrer, rester et sortie de cette « maison. » D’ailleurs savoir arriver et savoir partir se sont deux rites anthropologiques de grande importance dans l’univers de la capoeira. La chamada * c’est une théâtralisation de ce rite.

La capoeira pratiqué par notre groupe, c’est la capoeira angola. C’est cette capoeira là que nous la pratiquons ; que nous la recherchons, et que nous la défendons : ses principes, sa philosophie, et ses traditions. Les fondements de notre école sont liés à la tradition des angoleiros bahianais, représenté par le grand maître Pastinha. Maître Pastinha a appartenu à une époque des grands capoeiristes : Traira, Waldemar, Canjiquinha, Caiçaras, Gato Preto, Totonho da Maré, Abérrê, Cobrinha Verde, et autant d’autres. Je n’ai sais pas s’il était le meilleur capoeiriste de son époque. Certains disent que si, d’autres disent qui non. Moi-même je ne l’ai pas connu. De toute façon cela n’a aucune importance. L’important pour nous ce qui maître Pastinha nous a laissé un trésor. Un patrimoine immatériel et universel. Un art qu’il a su préservé dans un moment difficile pour la capoeira. Un art qu’il a su le structurer, lui donner une « forme » et le défendre de tous les intérêts et influences qui prétendaient lui dénaturer.

Maître Pastinha a réussi catalysé autour de lui les grands acteurs de la capoeira de son époque et a su synthétisé leur savoir et leur volonté. Quand nous parlons de l’école Pastiniana nous sommes en train alors de parler de tous ses maîtres, de nos ancêtres, de l’esclavage comme élément d’origine de la capoeira et d’un regard profondément humain et philosophique qu’il a su traduire. Quand maître Pastinha dit : « Le vrai capoeiriste c’est ne pas celui qui sait mouvoir son corps, mais si celui qui se laisse mouvoir par son ’âme. » il transcende l’univers de l’art martial proprement dit et rentre dans l’univers philosophique. La question de l’existence de « l’âme » ou de quelque chose qui l’anime, a « hantée » la pensée de plusieurs écoles philosophiques depuis la nuit des temps. Avec cette frase maître Pastinha change le paradigme : c’est ne plus le corps qu’intéresse mais l’âme qui l’habite. ça ne suffit pas savoir bouger son corps il faut se laisser « guidé. » Il faut communiquer avec quelque chose d’extracorporel, quelque chose que la technique seule ne puisse pas nous donner. Il faut être sensible à cette musique qui nous emballe. C’est peut-être là que réside l’identité. C’est peut-être là que se cache le « secret. »

Bien sûr que quand on parle de savoir on parle de secret. Le savoir c’est un secret. Cherche le savoir et vite tu comprendras qu’il n’est pas là. Il ne pas en secret mais il est un secret. Protégé. Si le savoir n’est pas protégé il se perd. Le savoir est révélé à ses qui ont la disposition, la force, l’envie, et le mérite de faire le parcours « initiatique. » T’as beau à lire tous les livres, à voir toutes les expositions, à fréquenter les meilleures universités, mais cela ne va jamais te donner le savoir. On peut avoir la culture et pas le savoir. On peut avoir le savoir et pas la culture. Le chemin de la connaissance se fait à partir de soi. A partir de son corps et de son âme !

Maître Pastinha était presque illettré. Mais son savoir était immense. A propos de sa soudaine célébrité il a dit : « La reconnaissance m’est venue tout à coup. Tout à coup les gens avaient besoin de moi. Les gens me cherchaient. Me demandaient. Mais tout cela était faux ; et la seule chose qu’était vrai, c’était la capoeira. »

Pastinha est mort seul, aveugle, malade et oublié.